Non, le Camembert ne va pas disparaître !
Le camembert qui disparaît

Depuis quelques semaines, on peut lire dans toutes sortes de médias, des moins sérieux aux "malheureusement" plus sérieux mais tout aussi racoleurs, que le Camembert va disparaître.
L'information sur laquelle se basent ces médias ou tout du moins les médias les plus sérieux, est pourtant vraie mais mal interprétée.
Nous vous expliquions déjà dans un article que seule la préservation de l'authenticité du Roquefort et du Camembert était en danger.
Il va bien disparaître, mais pas dans l'espace ni même dans les méandres des articles et autres sujets de journaux, simplement dans nos estomacs pour ensuite disparaitre dans un trou noir l'espace d'une digestion.

LA MAUVAISE INFORMATION DE LA DISPARITION DU CAMEMBERT

Depuis quelques jours ou semaines, une vague d'inquiétude a déferlé sur les amoureux de la gastronomie fromagère : le Camembert serait sur le point de disparaître. Cette nouvelle, aussi surprenante qu'alarmante, a circulé dans les médias, même ceux pourtant de renom. Mais d'où vient cette rumeur ? Et surtout, quel est le fondement de cette crainte soudaine pour l'avenir d'un fromage aussi emblématique ?

Le Camembert, avec sa croûte fleurie et sa pâte onctueuse, ne se contente pas de trôner sur nos plateaux de fromages ; il incarne une partie de l'identité et du savoir-faire français. Son origine, ancrée dans les vertes prairies normandes, et son histoire, riche en anecdotes et en rebondissements, en font un symbole de la France rurale, artisanale et authentique.
Il possède même son site internet pour mieux le comprendre.

La source de l'émoi récent n'est autre qu'une interprétation erronée d'une étude scientifique sérieuse, dont les conclusions ont été sorties de leur contexte et dramatisées. Les chercheurs s'alarmaient non de la disparition du Camembert en tant que tel, mais de la menace pesant sur une souche spécifique de Penicillium camemberti, essentielle à sa fabrication. Cette nuance cruciale, souvent omise ou mal expliquée, a semé le doute dans l'esprit du public et des médias, laissant croire à une éventuelle éradication de notre bien-aimé fromage.

 

LA GENÈSE DE L'INQUIÉTUDE : UNE ÉTUDE MAL INTERPRÉTÉE

L'origine de la tourmente entourant le devenir du Camembert trouve sa source dans les résultats d'une étude menée par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Cette recherche, focalisée sur le Penicillium camemberti, le champignon clé conférant au Camembert sa croûte caractéristique et une partie de son goût unique, a révélé des informations préoccupantes sur une souche spécifique, la souche albinos, utilisée depuis le début du XXe siècle pour produire la croûte blanche du fromage.

Selon cette étude, la diversité génétique de cette souche de Penicillium camemberti est dangereusement faible, ce qui augmente son risque d'extinction. Les scientifiques ont mis en lumière le fait que, sans une diversité génétique suffisante, la souche pourrait devenir vulnérable à des maladies ou à des changements environnementaux, mettant en péril sa capacité à survivre et, par extension, la production traditionnelle de Camembert tel que nous le connaissons.

Cette information, bien que cruciale pour les producteurs de Camembert et les microbiologistes, a été rapidement extraite de son contexte scientifique et présentée de manière sensationnaliste comme annonçant la "disparition du Camembert". Les nuances de l'étude, soulignant la spécificité de la menace sur une souche particulière de champignon et non sur le Camembert dans son ensemble, ont souvent été éclipsées par des titres accrocheurs, alimentant ainsi une inquiétude disproportionnée parmi le public.

Il est essentiel de comprendre que l'étude du CNRS ne sonnait pas l'alarme sur une disparition imminente du fromage lui-même mais appelait plutôt à une prise de conscience et à une action pour préserver la diversité génétique du Penicillium camemberti. Cette distinction, cruciale pour la compréhension de l'enjeu réel, a malheureusement été noyée dans le flot de communications simplificatrices.

Cet épisode met en lumière la difficulté de transmettre des résultats scientifiques complexes au grand public sans perdre en précision ou en nuance.
Nous sommes aussi en droit de nous demander si la plupart du temps, cette mauvaise interprétation n'est pas prétexte à la production d'article racoleur, ou « P*te à clic » comme ils disent « dans le milieu de l'internet ».

 

LA RÉALITÉ DERRIÈRE LA RUMEUR : LE CAMEMBERT NE DISPARAÎT PAS

Contrairement aux titres alarmistes, le Camembert, ce pilier de la gastronomie française, n'est pas sur le point de disparaître. L'étude scientifique au cœur de la controverse mettait en lumière une problématique spécifique concernant une seule souche de Penicillium camemberti, et non une menace globale sur la production de ce fromage emblématique.

L'enjeu principal soulevé par les chercheurs était bien de sensibiliser à la vulnérabilité génétique d'une souche spécifique utilisée pour développer la croûte blanche caractéristique du Camembert. Cette situation, bien que préoccupante, ne signifie pas pour autant que le fromage lui-même est en danger d'extinction. Au contraire, elle a ouvert la voie à une prise de conscience nécessaire et à l'exploration de solutions pour préserver la diversité biologique essentielle à sa fabrication.

L'une des réponses les plus prometteuses réside dans la diversification des souches de Penicillium utilisées. En préservant et en exploitant une plus grande variété de ces champignons, il est possible de réduire le risque de dépendance à une seule souche vulnérable et, par conséquent, de renforcer la stabilité et la qualité de la production de Camembert à long terme.

Par ailleurs, l'adaptation des règlementations, notamment celles liées aux appellations d'origine protégée (AOP), peut jouer un rôle crucial. En assouplissant certains critères pour intégrer de nouvelles pratiques et de nouvelles souches de Penicillium, il est possible de conjuguer préservation du patrimoine gastronomique et innovation.

 

LE CAMEMBERT, UN HÉRITAGE PRÉSERVÉ

Notre célèbre Camembert est loin d'être menacé de disparition. Des mesures sont envisageables pour contrer tout risque affectant Penicillium camemberti.

La première démarche consiste à conserver les diverses souches de moisissures employées, une initiative soutenue par l'INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement). La conservation de cette biodiversité est cruciale afin de pouvoir y recourir ultérieurement si nécessaire.

À titre d'illustration, Christophe Chassard, chercheur à l’INRAE et directeur de l’UMRF (Unité mixte de recherche sur le fromage) mentionne un laboratoire de l'Université de Caen où sont conservées plusieurs souches de champignons, collectées sur divers fromages durant les décennies 1980 et 1990. Cela forme une véritable banque de souches à la disposition des producteurs en cas de besoin.

Une autre option envisageable est l'exploitation d'une population de moisissures "sauvages", semblables à Penicillium camemberti. Cela impliquerait néanmoins de relancer un processus de domestication, qui peut s'avérer long.

 

Sources : Science & Vie

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