Le Caillé doux de Saint-Félicien demande son AOP
Caillé doux de Saint-Félicien
Le Caillé doux de Saint-Félicien, ce fromage distinctif et chéri de la région nord de l'Ardèche, souhaite rejoindre les rangs des produits dotés d'une Appellation d'Origine Protégée (AOP). Jean-Luc Boulon, président du Syndicat de défense et de promotion du Caillé doux de Saint-Félicien et lui-même producteur à Jaunac, se bat avec passion pour cette reconnaissance qui, selon lui, pourrait sauver ce précieux héritage culturel de l'Ardèche.
Avec seulement neuf producteurs recensés dans la zone de fabrication définie, l'AOP représenterait plus qu'un label. C'est en effet un moyen de préserver l'identité, de valoriser le travail et d'attirer une nouvelle génération de producteurs vers ce fromage doux et crémeux.
DESCRIPTION ET CARACTÉRISTIQUES

Le Caillé doux de Saint-Félicien n'est pas qu'un simple fromage; c'est un symbole de la région, fabriqué exclusivement dans le nord du département de l'Ardèche à partir de lait de chèvre entier cru chaud ou thermisé.
Il présente une pâte molle qui révèle une texture moelleuse et fondante, résultat d'un processus soigneusement maîtrisé qui commence par un caillage rapide. Le lait est chauffé à une température spécifique, puis mélangé avec très peu de ferments et de présure pour accélérer la coagulation. Cette étape délicate donne au fromage son caractère unique et son douceur remarquable.
L'affinage du Caillé doux dure 2 semaines, une période pendant laquelle la croûte fleurie se forme. Cette croûte, subtilement parfumée et délicate au toucher, contribue au goût doux et délicat du fromage. Elle est parsemée de moisissures blanches et parfois jaune pâle.
Sa forme de cylindre aplati et sa couleur crème, parfois blanc feutré, le rendent immédiatement reconnaissable.
Le goût du Caillé doux de Saint-Félicien offre des notes légères de beurre et de noisette, associées à une douceur lactée. Ce profil de saveur, conjugué à la texture crémeuse, fait de ce fromage un choix populaire pour les amateurs de fromage, même pour ceux qui n'aiment généralement pas le fromage de chèvre !
logo Caillé doux de Saint-Félicien
 
UN PRODUIT UNIQUE À NE PAS CONFONDRE
 
Il ne faut effectivement pas confondre le Caillé doux de Saint-Félicien avec le fromage Saint-Félicien. Bien qu'ayant des noms quasi similaires et provenant de la même région géographique, ces deux produits fromagers sont bien distincts.
Le Caillé doux de Saint-Félicien est un fromage de chèvre tel que nous l'avons décrit plus haut. En revanche, le fromage Saint-Félicien est fabriqué à partir de lait de vache et présente une texture et un profil de saveur différents. Bien que les deux fromages partagent certaines caractéristiques, comme la forme de palet plat et la présence d'une croûte fleurie, leurs différences dans les ingrédients, les méthodes de fabrication et les propriétés organoleptiques les rendent uniques et incomparables. Le Caillé doux de Saint-Félicien, avec son goût très doux, sa texture crémeuse et son processus de fabrication artisanale, est souvent considéré comme un trésor local, tandis que le fromage Saint-Félicien offre une expérience gustative qui lui est propre. La distinction entre ces deux fromages est essentielle pour apprécier chaque produit dans son authenticité et son originalité.
 
 
HISTOIRE ET TRADITION
 
Le Caillé doux de Saint-Félicien incarne une riche histoire, étroitement liée aux traditions locales de la région d'Ardèche, en particulier dans le nord de ce territoire. Son origine remonte à plusieurs siècles, et elle témoigne du savoir-faire fromager ancestral de la région. La fabrication de ce fromage était exclusivement l'apanage des femmes, une tradition qui souligne leur rôle central dans l'artisanat et l'économie locale. Juste après la traite des chèvres, ces femmes se lançaient dans le processus délicat de fabrication, mélangeant le lait chaud avec des ferments et une présure spécifique.
La collecte et la distribution de ces fromages étaient organisées par des coquetiers, des intermédiaires qui jouaient un rôle vital dans le transport et la commercialisation des fromages. Ils les revendaient à des grossistes à Lyon et à Saint-Etienne, deux villes importantes qui servaient de lieux commerciaux pour diffuser ce produit délicat au-delà de sa région d'origine.
Le Caillé doux de Saint-Félicien était également un élément phare des marchés locaux, notamment à Annonay. Là, il était vendu directement par les producteurs ou leurs représentants aux consommateurs.
On le nommait parfois Picodon qui était le terme générique pour tous les fromages de chèvre ardéchois mais les premières traces écrites datant des années 20 faisaient mention de Saint-Félicien. Le nom Caillé doux de Saint-Félicien apparaît lui dans les années 80 sous l'initiative du Syndicat de Défense et de Promotion via la voix de son regroupement de producteurs. Ce choix s'est imposé alors que des industriels ont commencé à utiliser le terme Saint-Félicien pour le fromage au lait de vache toujours connu aujourd'hui sous ce même nom.
Au-delà de l'aspect commercial, le Caillé doux de Saint-Félicien occupe une place significative dans la culture et l'identité locales. Il s'inscrit dans un héritage de pratiques agricoles et de méthodes de fabrication qui ont été transmises de génération en génération. La recherche de l'Appellation d'Origine Protégée en cours est le reflet de cette volonté de préserver et de valoriser ce patrimoine unique.
 
 
ZONE DE PRODUCTION ET FABRICATION
 
La zone de production du Caillé doux de Saint-Félicien est profondément ancrée dans le nord de l'Ardèche, une région riche en tradition et en patrimoine gastronomique. S'étendant autour du village de Saint-Félicien, la région englobe les vallées pittoresques de l'Eyrieux, du Doux, de l'Ay et de la Cance. Ces terres diverses offrent un mélange de pâturages de moyenne montagne, de zones boisées luxuriantes et de prairies florales à forte diversité, créant un écosystème unique qui contribue à la saveur et à la texture du fromage.
L'aire géographique particulière se caractérise par un climat et un sol qui nourrissent une flore spécifique, influençant directement le régime alimentaire des chèvres. Cette interaction entre la terre et l'animal se reflète dans le goût délicat et la qualité du Caillé doux, faisant de chaque fromage une représentation authentique de son terroir.
La fabrication quant à elle, transmise de génération en génération, exige précision et dévouement. Le processus commence par l'emprésurage du lait immédiatement après la traite où la présure et les ferments lactiques sont ajoutés au lait cru chaud ou thermisé de chèvre. Cette étape traditionnelle et rapide permet de limiter l'acidification naturelle du lait et donne au Caillé doux de Saint Félicien sa douceur mais également son nom de « Caillé doux ». Ensuite, un tranchage minutieux à la louche pour accélérer l'égouttage du petit lait est réalisé. Le moulage manuel et l'égouttage durant 3 à 5 heures sont essentiels pour former le fromage, avec un retournement au moins trois fois pour assurer une consistance uniforme. L'affinage, d'une durée de 2 semaines, permet au fromage de développer sa texture moelleuse et son goût doux caractéristique.
Chaque étape, réalisée avec soin et attention, assure que le Caillé doux de Saint-Félicien reste fidèle à son héritage.
Enfin, sa production s’étend de mars à décembre, laissant un congé maternité bien mérité aux chèvres.
 
À retenir :
  • Zone géographique riche en tradition
  • Sol avec une flore spécifique
  • Lait cru ou thermisé
  • 100% chèvre
  • Lait travaillé à chaud traditionnellement après la traite
  • Technique d'emprésurage rapide
  • Moulage manuel
  • Affinage 2 semaines
  • Production de Mars à Décembre (afin de respecter le cycle naturel des chèvres)
 
 
LA CAILLÉ DOUX MENACÉ DE DISPARAÎTRE
 
Avec l'urbanisation et les changements dans les pratiques agricoles durant la seconde moitié du XXe siècle, le nombre de producteurs a dramatiquement chuté. La production artisanale et la transmission des savoir-faire ont été mises en péril, et le Caillé doux de Saint-Félicien a failli disparaître. La période la plus critique a été de fin 1990 à début 2000.
Mais heureusement, un renouveau est survenu dans les années suivantes, grâce à l'intervention de passionnés et d'organisations dédiées à la préservation des produits locaux. Des mesures ont été prises pour protéger et promouvoir le Caillé doux, comme la création du Syndicat de Défense et de Promotion du Caillé doux de Saint-Félicien dont l'une des premières missions serait l'obtention d'une appellation. Aujourd'hui, bien que le nombre de producteurs reste modeste, le Caillé doux de Saint-Félicien est célébré comme un symbole de la résilience culturelle et sa production continue de prospérer.
 
Voici la liste des producteurs actuels :
  • Jean-Luc Boulon, Ferme Boulon à Jaunac
  • Alexane Dorléac, Ferme Les Chèvres du Bosquet à Vanosc
  • Aurélien Mourier, Ferme de l’Amélie, Gaec de Marcelas à Préaux
  • Jean-Philippe et Rolande Fourel, Gaec Chèvrerie de Chomaise à Préaux
  • Monique Fauritte, Gaec La Roche des Vents à Saint-Alban-d’Ay
  • Nathaël Reboullet et Audrey Arnou, Gaec de La Ferme de Presles à Désaignes
  • Noémie Pouliquen, Gaec Ferme du Chant du Riou à Désaignes
  • Franck Deygas, Earl La Chèvre Blanche à Satillieu
  • Emilie Fumas, artisan à Saint-Jeure d'Andaure
 
 
L'IMPACT DE L'AOP
 
La riche histoire du Caillé doux de Saint-Félicien, tant sur le plan culturel qu'économique, souligne l'importance des traditions et des savoir-faire locaux dans la conservation et la promotion des produits authentiques. C'est un fromage qui parle non seulement aux papilles mais aussi à l'âme, évoquant une époque révolue tout en restant résolument ancré dans le présent. La poursuite de ces traditions contribue à maintenir une connexion vivante avec le passé, tout en offrant une opportunité de croissance et de développement pour l'avenir de la région.
La validation de l'AOP signifierait bien plus que la reconnaissance du Caillé Doux; elle pourrait entraîner une augmentation significative de la production. Cela impliquerait une meilleure coordination avec les industries laitières locales et une opportunité pour les jeunes producteurs de prospérer.
Jean-Luc Boulon et ses collègues producteurs voient dans l'AOP une chance de relancer la filière, d'empêcher la disparition de ce fromage et de le faire briller à l'échelle nationale, peut-être même internationale !
 
 
LA FÊTE DU CAILLÉ DOUX SAINT-FÉLICIEN

La traditionnelle Fête de la Chèvre et du Caillé Doux de Saint-Félicien, célébrée chaque année au mois d'août, est un événement emblématique qui honore à la fois la chèvre et le Caillé Doux de Saint-Félicien. Organisée par le Comité des fêtes de Saint-Félicien en partenariat avec le Syndicat de Défense et de Promotion du Caillé doux de Saint-Félicien, cette journée festive qui se déroule dans les rues pittoresques du village ne se limite pas à la célébration du fromage au lait de chèvre ; elle offre également la possiblité de découvrir la richesse et la diversité des savoir-faire locaux, à travers une cinquantaine d'exposants, dont des producteurs, artisans et créateurs. Avec une variété d'animations, des démonstrations artistiques et des jeux traditionnels, cette fête contribue à la mise en valeur du patrimoine culturel de la région, tout en offrant aux visiteurs une expérience gustative et culturelle.
 
 
EN ATTENDANT LE VERDICT...
 
Comme bon nombre de productions fromagères, le Caillé doux de Saint-Félicien est bien plus qu'un produit, c'est un héritage, une partie intégrante de la culture régionale. La quête de l'AOP n'est pas simplement une démarche administrative; elle représente l'espoir, l'ambition et le dévouement de ceux qui croient en la valeur et la singularité de ce fromage. Le dossier est prêt, le chemin tracé. Il ne reste plus qu'à attendre le verdict de l'INAO, en espérant que ce précieux trésor culinaire reçoive la reconnaissance qu'il mérite.
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